Dans un monde où le bien-être est devenu un marché, les offres de coaching de vie, de développement personnel ou de pratiques comme la PNL (programmation neuro-linguistique), soins énergétiques et j’en passe, se multiplient. Ces approches, largement promues sur les réseaux sociaux, se présentent souvent comme des solutions rapides et efficaces aux souffrances psychiques. Mais derrière le vernis du marketing, ces pratiques posent de réelles questions – et parfois de réels dangers.
Promesses rapides, fondations fragiles
De nombreux coachs n’ont ni formation clinique, ni ancrage dans les sciences de la santé ou les neurosciences. Pourtant, ils prétendent accompagner des personnes en souffrance dans des situations complexes : dépression, anxiété, trauma, rupture de vie, burnout…
Certaines approches comme la PNL ou l’hypnose “énergétique” sont présentées comme des solutions miracles. En réalité, elles reposent souvent sur des théories non validées scientifiquement et ne sont pas reconnues comme des formes de thérapie efficaces par les autorités de santé.
Des risques réels pour les personnes vulnérables
Quand une personne en détresse psychique fait appel à un coaching non réglementé au lieu de consulter un professionnel de santé, elle risque :
- Retard de diagnostic : de réels troubles peuvent passer inaperçu ou être minimisé. Sans évaluation clinique rigoureuse, il n’y a ni reconnaissance du trouble, ni orientation vers une prise en charge adaptée.
- Aggravation des symptômes : en l’absence de traitement fondé sur des preuves, l’état de la personne peut empirer. Des stratégies inadaptées ou simplistes peuvent renforcer les mécanismes d’évitement ou créer une fausse impression de progrès, retardant d’autant plus une vraie amélioration.
- Discours culpabilisants : certaines de ces approches véhiculent des messages comme « si tu ne vas pas mieux, c’est que tu ne veux pas vraiment changer » ou « tu n’as pas assez travaillé sur toi ». Ces paroles, en apparence motivantes, peuvent en réalité accentuer la honte, la solitude et l’épuisement.
- Fausse impression de guérison : les effets temporaires d’un discours motivant ou d’un rituel peuvent donner l’illusion d’aller mieux, alors que les causes profondes du mal-être restent intactes.
- Dépendance émotionnelle : en l’absence de cadre thérapeutique, une relation floue peut s’installer avec le coach, renforçant la vulnérabilité et rendant la personne dépendante de ses « séances » pour se sentir mieux.
- Dépenses financières excessives : sans formation reconnue, rien ne justifie des tarifs aussi élevés. Ces pratiques ne sont soumises à aucun encadrement, avec des prix souvent disproportionnés qui ponctionnent inutilement des personnes déjà en difficulté.
Infirmiers en santé mentale : des professionnels ancrés dans la science
Contrairement à ces approches floues, ésotériques voire sectaires pour certains, les infirmiers en santé mentale ne sont pas des coachs de vie mais des professionnels de santé diplômés. Ils ne proposent pas de conseils génériques ni de recettes toutes faites. Nous évaluons, planifions et accompagnons nos patient·e·s selon des protocoles fondés sur des preuves scientifiques (evidence-based practice).
Vers une meilleure information et une vigilance collective
Le titre de « coach » n’étant pas protégé en Suisse, n’importe qui peut se déclarer expert en santé mentale, sans aucune formation reconnue ni encadrement éthique. Cette absence de régulation entretient une confusion dangereuse pour le public, en faisant croire que des souffrances profondes peuvent être réglées par quelques séances de « reprogrammation mentale » ou de discours motivationnels.
Derrière ces pratiques, l’objectif est souvent avant tout financier : certains coachs facturent des accompagnements à plusieurs centaines, voire milliers de francs, sans garantie de qualité ni de sécurité. Pendant ce temps, des solutions professionnelles et remboursées par l’assurance maladie existent – portées par des soignant·e·s formé·e·s, dont la priorité est réellement d’aider les personnes en souffrance, et non de tirer profit de leur vulnérabilité.
C’est pourquoi il est important de :
- mieux informer les citoyen·ne·s sur les différences entre soins psychiques professionnels et coaching non médical,
- promouvoir des prises en charge basées sur la science,
- et renforcer la visibilité des professionnel·le·s formé·e·s et reconnus, comme les infirmiers spécialisés en psychiatrie.